Mes poèmes

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  • Ma nouvelle jeunesse

    Sous la voûte émeraude
    L’or grave les ombres au sol
    Et les papillons s’envolent.

    Comme il est bon de pédaler
    Sur les traces de cette voie ferrée
    En direction de Ploërmel.

    Les blés dorent dans le souffle de l’air,
    Et les fougères semblent vouloir gratter le ciel
    Pour chatouiller délicatement le coton blanc
    Des nuages qui s’effilochent lentement
    En saluant mes pensées qui déjà s’en vont au-delàs
    Des frontières de mon pays,
    Là, où j’ai reconstruit ma vie.

    Aidé par la mousse qui rejoint le passé,
    Loin, loin derrière d’où je me sens porté ;
    Je vais flirter avec les abeilles,
    Dialoguer avec les hirondelles
    M’allonger sur les luzernes,
    Et qui sait, m’endormir auprès d’elle ;
    Elle l’inconnue que j’imagine à moitié nue
    Sur un tapi de liserons, oreiller frais pour ingénues.

    Mais le chemin est sage,
    Il me parle.

    Alors j’écoute ;
    J’écoute les paroles des mages,
    J’entends la musique des druides,
    Celles des violes de troubadours sans âge,
    Et je voyage léger en suivant mes guides,
    Tous les oiseaux qui volent hauts,
    Tous les petits ponts des ruisseaux,
    Tous les lézards qui ont chaud,

    Et chante,
    Je chante en pédalant
    Mes simples ivresses,
    Ma nouvelle jeunesse.

     

  • Ce matin

    Ma pièce est jaune
    Le soleil lèche les vitres
    Les violons pleurent

    Le temps des écharpes
    Voile lentement nos matins
    Présage des frimas

    Transition douce
    L'instant laiteux d’un rayon
    Porte mes songes

    Ils rêvent dans le vent
    L’assise d’un monde sans tourments
    Ils voyagent sans heurt

    De chemins sombres
    Au cœur de vos états d’âme
    Ils errent à jamais

     

  • Et pourtant

    Dans la lueur presque sombre d’une nuit qui naît,

    Tu t’effaces.

    Dans l’éclat grisâtre d’un remous d’eau,

    Tu t’éloignes.

    Comme avant pourtant tout est calme,

    Comme avant pourtant rien ne bouge.

    Et pourtant…

    Les souvenirs d’enfance ressurgissent,

    Les pensées enfouies apparaissent,

    Le vent les porte,

    La porte se ferme

    Sans bruit,

    Une nuit.

    Et moi l’enfant, là, seul

    Avançant d’un pas vers le noir,

    Vers l’endroit que l’on ne connaît pas,

    Vers un inconnu sans croix.

     

     Sur ce chemin pavé où je vois vos mains

    Maintenant jointes l’une à l’autre,

    Dans l’éternité des matins,

    Je prie comme un apôtre.

    Dans le recueillement, je tiendrai le candélabre

    Afin de toujours éclairer le sourire des anges,

    Afin de toujours éclairer les yeux de l’Archange.

    Dans la lueur presque sombre d’une nuit qui naît, vous vivez.

    Dans l’éclat grisâtre d’un remous d’eau, vous pensez à aimer.

    Comme avant pourtant tout est calme,

    Comme avant pourtant rien ne bouge.

    Et pourtant…

     

  • Que suis sans toi ?

    L’oreille écoute

    Ce qu’elle ne voit pas

    Lorsque le doigt touche

    Le néant qui n’est pas !

     

    L’abstrait enfermé

    Dans les convictions

    D’esprit mollasson,

    Étouffe les pensées d’aliénés. 

     

    Que suis-je sans toi,

    Qu’un tronc desséché

    Croupissant à l’ombre des lois,

    Exhortant les principes de la foi ?

     

    Sur ton autel

    Toutes les fleurs,

    Toutes les airelles

    Comptent mes heures.

    Le monde me secoue,

    La vie se dissout !

     

    Peu à peu elle se renferme,

    Petit à petit il gangrène !

     

    Ravage du temps

    Oubli permanent

    D’où l’on vient,

    Déraciné pour rien,

    Pour des envies abstraites,

    Souvent pour des actes traîtres.

     

    Que suis-je sans toi,

    Qu’un fuyard aux abois

    N’écoutant que l’oreille,

    Ne voyant que le réel,

    Que le concret abject

    Des souffrances malhonnêtes ?

     

    Que suis sans toi,

    Qu’un doigt qui montre

    Ce qu’il ne va pas,

    Qu’un pleutre sans honte ?

     

    Que suis sans toi,

    Que serais-je sans la foi,

    Qu’une poussière sans émoi ?

     

  • Promenade solitaire

    Mes pas crissent sur la venelle de sable ;

    Choisel, tes poules d’eau patinent

    Sur les rides de l’étang ombragé

    Où dansent encore les peupliers !

     

    Douce renaissance d’un soleil qui se lève

    Pour décompter mes décennies

    Sur les cadrans mobiles des voyageurs punis

    De fleurs dont les têtes tournent, tournent

    De l’aurore jusqu’à l’aube sans répit.

     

    Je palpe le vent,

    Je ressens son souffle,

    Et sur le miroir l’onde brisant

    L’eau verte qu’elle maroufle

    D’une caresse d’été,

    Finit par m’impressionner.

     

    Mes yeux se perdent sur l’étang

    Pour y croiser une carpe argentée

    Qui marsouine tranquillement

    Sous le sucre blanc d’un nénuphar.

     

    Lentement ce voyage prend fin.

     

    Les rayons ras ont consumé depuis longtemps

    L’unique machaon posé en un temps

    Sur la vitre de mes printemps,

    Qu’une femme aux ongles peints

    A laissé filer pour un autre destin.

  • Page insuffisant

    Le poème du vent que souvent j’entends,

    Le murmure de joie à l’orée d’un bois

    Protègent l’enfant conscient d’être grand.

     

    Une jeune main posée sur un sein,

    Un souffle doux au creux d’un cou

    Suffisent aux colchiques qui dansent dans les prés,

    Suffisent aux ressacs qui bercent les crabes mous.

     

    Et les étoiles

    Libres pépites,

    Et les dunes sages,

    Et l’herbe si petite,

    Et moi qui suis en nage,

    Fier d’être ton page insuffisant,

    Noble de mots ardents

    Lorsque le poème du vent que souvent j’entends

    Se fait silence sur la partition de nos instants.

     

  • Dessous

    J’aimerais regarder le monde par le dessous.

     

    Être enveloppé d’une terre chaude,

    Me sentir enfin protégé de tout.

     

    Au calme je prendrais le temps de voir

    Les racines blanches des pissenlits

    Flirter avec les lombrics hagards.

     

    J’aimerais regarder le monde par le dessous.

     

    Être enveloppé d’une terre chaude,

    Entendre le grattement des loups.

     

    Peut-être alors comprendrais-je

    Les lunes rousses,

    Les tempêtes solaires,

    L’éclat argenté des étoiles filantes ?

     

    Peut-être alors devinerais-je

    Les ombres chinoises silencieuses,

    Les lacs de sel et leurs mirages,

    La douceur d’une nuit audacieuse ?

     

    Mais avant il me faudrait entrer en terre,

    Descendre en profondeur

    Pour ne plus avoir peur d’un manque d’air.

     

  • Dans les brumes d’un matin

    Dans la brume d’un matin,

    La pointe durcie d’un sein

    Semble vaillante.

     

    L’arrogance du mamelon

    Harangue le touriste perdu

    Chantant le refrain de la Madelon.

     

    Je bois,

    Je bois…

     

    Je bois à la santé des papillons,

    Je bois à la santé de ma payse

    Bien trop loin pour que je lui dise.

     

    Sous mon képi de fantaisie

    Sont cachés les fanfarons,

    Les interrogations d’une dame,

    Bergère sans mouton,

    Princesse sans zouave,

    Statue d’une place.

     

    Je bois,

    Je bois…

    À la république, je bois…

     

    Je bois au quarante-neuf-trois

    Pour ne pas oublier,

    Pour la liberté

    Encore une fois bafouée,

    Pour l’égalité

    Encore une fois oubliée,

    Pour la fraternité

    Sans rien casser,

    Sans rien abîmer,

    Ne faisant qu’aimer

    Pour leur démontrer,

    Leur faire un pied de nez,

    Et boire à nos libertés !

  • La bête

    La Bête hurle dans les profondeurs de mon âme,

    De morsures en déchirures elle rogne mes viscères.

    Un goût de sang nauséabond abreuve ma gorge, 

    Une odeur putride enveloppe peu à peu l’air.

    Alors je prie,

    Alors je vis.

    J’explose,

    J’expulse !

    J’accouche d’un jet impur

     L’immonde de mes nuits noires,

    La torpeur qui me laisse hagard,

    La Bête insomniaque de mes démons refoulés.

    Alors je prie,

    Alors je vis,

    Alors j’oublie.