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  • Te souviens-tu ?

    Te souviens-tu ?

    J’ai déposé au fond de mon sac le peu d’amour qu'il me reste. Un livre et un morceau de tissu, petit bout de soie, que tes mains couvertes de neige m’avaient offerte. Je me souviens de la frilosité de cette rencontre, de la timidité qui transpirait à tes lèvres en ce matin chargé d’émotions. De tes mots qui ne voulaient pas mourir au cœur de l’hiver et que tu retenais jalousement pour ne pas te perdre. Il me semble aujourd’hui que c’était hier. Je pense parfois à tes yeux profonds dans lesquels je me suis noyé, lorsqu’ils se sont plantés dans les miens. Aujourd’hui, je les ai enveloppés dans la chaleur douce de mes souvenirs, qui peu à peu filent sans que je puisse les retenir.

     

    Te souviens-tu ?

     

    De notre marche silencieuse au bord du quai, plongeoir arrogant qui pousse les marins sur des passerelles pour des départs lointains. De nos pas, qui à l’unisson avançaient lentement vers une destinée inconnue, au-delà des doutes qui s’enfuyaient, aidés par l’escalier de pierre dont les marches nous conduisaient vers le ciel laiteux, qu’on a rejoint au matin. De La musique des vagues venant se briser sur les pics pourfendeurs, mince défense d’un rempart luisant des éclaboussures de gerbes de cristal, qui se fracassaient à nos pieds trempés. Du vent, de sa caresse piquante qui nous griffait, qui teintait nos joues d’un rouge sang, presque brun, comme la braise agonisante d’un feu ; d’une flamme qui couvait en nous, et malgré l’insistance des bourrasques, elle n’arrivait pas à s'éteindre. De ce moment lumineux, rehaussés par un soleil blafard, qui reste là, au chaud, au cœur de mes sentiments, comme une auréole blanche, presque transparente ?

     

    Te souviens-tu ?

     

    De ce livre aux couvertures encore tièdes de tes mains, et dont les pages que nous avions couvertes de mots, de déliés, de phrases, de vie, devenues soudainement orphelines, devenues simple ouvrage abandonné ?

     

    Ces pages se sont tournées trop vite. Le souffle de la jeunesse les a bousculé, peu à peu, lorsque tes joues, comme les miennes, se sont creusées. Les rides, comme des sillons profonds, s'y sont installées au point de former des tranchées, premiers vestiges d’une guerre perdue. Puis tes cheveux sont devenus fils argentés, et lentement ils se sont teintés d’un blanc bleuté. Ils ont fini par tomber, alors comme des automates fous ont les ramassaient à pelle, comme on le fait avec les feuilles mortes qui ne croient plus à la belle saison.

     

    Te souviens-tu ?

  • rencontre auteur du 14 01 17 avec Solveig le Coze

    Dans le cadre des activités de l'association Aurore Etoilée je recevais Madame Solveig le Coze pour son dernier roman : Linand, la caverne des anciens

    L'histoire avec un grand H nous fut rappelée par l'auteure qui a pris le temps de nous parler de la Résistance qui regroupait toutes religions et toutes les ethnies prêtes à défendre leurs valeurs contre Hitler. . Un moment d'enseignement qu'elle ne pouvait, et ne devait pas pas occulter puisqu'elle représente, en qualité de Présidente, l'association des Orphelins des Déportés victimes de la barbarie nazie. Puis elle nous promena dans les légendes celtiques, scandinave avec quelques haltes dans ses rêves nombreux.

     

    Solveig le coze

    ci-dessous de droite à gauche Madame Jocelyne Gautier, présidente de l'Association Aurore Etoilée. Madame Solveig le Coze et Robert Blée, vis-président de l'association Aurore Etoilée, auteur poète

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    un public attentif et gourmand

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    Présentation de l’auteur

     

    Solveig Le Coze, bonjour.

     

    Vous êtes née le 29 Septembre 1942 à PARIS XIème, et vous avez fait des études de psychologie puis vous vivez depuis 2000 en Bretagne, après une carrière parisienne dans un cabinet d’avocats.

    Vous êtes la Présidente de l’association des Orphelins de déportés victimes de la barbarie nazie.

    Après quelques années passées chez l’éditeur parisien « l’harmattan », et l’obtention de divers prix, vous vous lancez seule dans l’édition de vos propres livres sous le nom de «  Route du soleil éditions »

     

    Vous écrivez depuis l’âge de 15 ans et le premier ouvrage s’intitule « Le loup les dents blanches…je répète » qui raconte la vie de vos parents pendant la Résistance en Touraine et en Bretagne. Je souligne que ce livre à obtenu le prix de la fondation de France en 1985 et celui du Conseil Général d’Ille et Vilaine en 2001, et que vous le lisez dans les collèges et les lycées, pour expliquer  aux enfants, en vue du Concours National de la Déportation et de la Résistance, le début de la Résistance.

     

    Question :

    Pourriez-vous nous présenter vos parents ?

    Réponse :

    Mon père est né le 28 Février 1921, décédé le 20 Septembre 1945. Engagé volontaire en 1939. Il fit les EOR et devint sous-officier dans la cavalerie à Saumur. C’est en tant que Lieutenant  qu’il participa à la « Drôle de guerre de Septembre 1939 au 10 Mai 1940) qui vit la défaite de la France. C’est alors qu’il entra dans la Résistance en 1941, au réseau Alliance de Paris, service renseignements et sabotages, et son nom de maquis fut « Le Loup ». Mon père était Chef-routier et très Catholique. Son ami était l’aumônier des Gitans.

    Ma mère est née le 16 Juin 1921. Mes parents se marièrent lors d’une permission de Papa à Paris, où mes grands-parents et Maman habitaient. Elle insista pour combattre l’ennemi, à sa façon. Maman aidait à la fabrication de faux-papiers et autres documents. D’un culot monstre, elle ne reculait devant rien et riait à la barbe des Allemands. Elle n’était pas croyante du tout ! C’était « La Louve »

    Vous pourrez les découvrir dans « Le Loup a les dents blanches…je répète ». Prix de la Fondation de France.

    Question :

    Pourriez-vous nous parler de votre association Les Orphelins des déportés victimes de la barbarie nazie ?

    Réponse :

    Notre Association a été créée dans les années 2000 à la suite du décret paru en Juillet 2000, donnant une indemnité pour les orphelins d’obédience juive, dont les parents ont été  victimes de la barbarie nazie. Un Breton de Tréguier,  M. Paul Roché a alors formé cette Association, comportant à l’époque plus de 400 adhérents de Bretagne, pensant avec raison, que les autres victimes de la barbarie nazie, d’autres confessions, avaient droit eux aussi à cette indemnité. Après multiples démarches, auprès de l’Ambassade de France en Allemagne, de Caen, puis des services de Matignon, puis des Tribunaux administratifs,  cette indemnité a été versée aux enfants dont les parents étaient morts en déportation ou morts de leurs souffrances, dans un périmètre ne devant pas dépasser 2 ans, et que les enfants soient mineurs au moment des faits. Cela nous mena jusqu’en Juillet 2004 où pour certains cette indemnité  fut versée. Mais c’est pour des raisons pas très claires que l’on a voulu distinguer les « morts au combat », contrairement aux recommandations de M. Philippe DECHARTRE, de Mme Simone  WEIL. Ils n’ont pas été reconnus dignes de figurer dans les décrets de Juillet 2000 et Juillet 2004. De rapports en rapports… rien depuis 2011.

    La Résistance est un cas exceptionnel de notre Histoire, une action entreprise volontairement par des civils qui voulaient défendre la Liberté. Cette Résistance ne doit pas être banalisée ni divisée et les décrets de Juillet 2000 et Juillet 2004 auraient dû s’appliquer d’office aux Morts au combat, il n’y a pas de nuance dans la barbarie nazie. Nous sommes très attachés au respect de cette page glorieuse de notre Histoire écrite avec le sang de nos parents, cela ne peut pas être un « détail de l’Histoire »

    Qui sont-ils ces « Morts au combat » ?

    - Un résistant parmi d’autres, massacré de 33 coups de baïonnette

    - Un résistant parmi d’autres, blessé à la cuisse, arrêté par une patrouille allemande, massacré à coups de pied et de crosse, une ½ heure plus tard, il agonisait encore.

    - Un résistant parmi d’autres, les yeux crevés devant ses parents.

    - Un résistant exécuté au lance-flamme.

    - Un fermier qui cachait des résistants jeté dans le brasier de sa cheminée.

    Les exemples sont nombreux et ce n’est pas considéré comme de la barbarie puisqu’il n’y a pas eu d’arrestation.

    C’est pourquoi, nous nous battons et surtout pour le Devoir de Mémoire, car aujourd’hui il y a d’autres barbaries, il y a d’autres orphelins, mais il ne faut pas oublier.

    Question :

    Comment arrive-t-on de l’étude en psychologie, puis d’un métier de justice à celui d’écrivain ?  Ces divers pôles vous servent-ils à la construction de vos histoires ?

    Réponse :

    Etre  écrivain n’est pas un métier, mais c’est un don accompagné d’une passion.

     Je ne suis pas devenue « écrivain », après mes études, mais bien avant. Lorsque mon père a été assassiné par les nazis et que ma mère a perdu la raison, ce sont mes grands-parents qui nous ont élevées ma jeune sœur et moi. Je suis entrée à l’Ecole Jeanne de Valois tenue par les Dames de Lyon, religieuses et professeurs à la fois. Etant la fille d’un héros, mon enfance a été bercée par ses exploits et surtout par ses compagnons de la Résistance qui voyaient en mon père : « Ce héros mort bien trop jeune ». J’étais une petite fille triste, alors la directrice de l’école Mme Bressot de Montvallon m’a prise sous sa coupe, m’a poussée à écrire en voyant mes rédactions françaises, dont la plupart ont été envoyées à l’Ecole Normale Supérieure. C’est ainsi que j’ai commencé à écrire secondée par cette grande dame. « Mon poteau indicateur » comme elle disait.  C’est à l’âge de 15 ans que j’ai écrit mon premier manuscrit « ils avaient 20 ans en 1942 ». Puis, je l’ai repris plus tard avec moins de haine au ventre et plus de documents. Ayant eu la 1ère partie du Baccalauréat  à 15 ans et la 2ème à 16 ans, il fallait bien que je poursuive des études. C’est ainsi que j’ai choisi la Psychologie, mais toujours trop jeune. Le Ministère de la Justice m’ayant dit à l’époque « qu’il fallait que je revienne plus tard, avec un chignon et des lunettes… » . Alors j’ai fait de la cascade pour le cinéma, puis j’ai été Hôtesse de l’air, puis quand mes ailes furent coupées, par la naissance de mon, fils, je suis entrée enfin dans un cabinet d’avocats en tant que Collaboratrice et cela a duré 25 ans…

    Question :

    Comment une petite fille de 15 ans se construit-elle, dans l’imaginaire, pour devenir une personne adulte les pieds sur terre mais la tête pleine de rêves ?

    Réponse :

    Je me suis d’abord construite dans la réalité, la plus cruelle, être privée de parents, même en ayant des grands-parents merveilleux. Puis une nuit, que je téléphonais en rêve à Papa, pour lui dire tout mon manque, je me suis aperçue que d’autres visages se substituaient au sien, des visages venus d’un autre temps, mais paraissant bien réels. Alors j’ai fouillé l’Imaginaire et  j’ai trouvé tellement de ressemblance, que j’ai recherché mes ancêtres. Je continuais à écrire tout et n’importe quoi, un cahier personnel où je notais mes indignations et mes émois, des poèmes, rarement avec des fleurs et des petits oiseaux, mais avec l’atrocité des guerres, de mes premiers amours, de mes discussions avec l’ami de papa, aumônier des Gitans.

     

     

    Bibliographie

     

    En 1985, reprenant tous les textes déjà écrits depuis plusieurs années, vous publiez « Pensées jetées au vent » chez  « Editions des écrivains », ainsi que « Contes et Nouvelles ».

    C’est également en 1985 qu’est paru : « Ils avaient 20 ans en 1942 », Prix de la Fondation de France, Editions L’Harmattan.

    Quelques années plus tard, en Bretagne, vous reprenez ce livre avec moins de haine et plus de témoignage et ce fut «  Le Loup à les dents blanches… » Témoignage romancé paru en 2000 aux éditions Route du Soleil.

    Votre second livre fut : « La Petite fille aux orties » paru en 1985 aux Editions l’Harmattan. Le début de l’histoire est la vôtre contée par votre petite fille, qui a hérité d’une maison mystérieuse construite par votre grand-père à Choisy le Roi en banlieue parisienne, mystères qui vont la conduire jusqu’en Bretagne. Repris sous le titre : Linad- La petite fille aux orties, en 2012 aux Editions Route du Soleil.

    Vous avez  quitté L’Harmattan en arrivant en Bretagne et vous naviguez en solitaire sous les Editions Route du Soleil qui n’est autre que la traduction de Solveig en Norvégien. 

    En 2010, Che Chorobia, « Comme c’est étrange » en langue Romanie,  roman noir.  Dérives sectaires et traditions gitanes se côtoient pour retrouver une jeune femme disparue. Histoire vraie, paru aux éditions  Route du Soleil.

    En 2010, également reprise de « Mots pour maux » paru aux Editions L’Harmattan, sous le titre « Tant qu’il y aura des mots » aux Editions Route du Soleil. Recueil de nouvelles et de poèmes primés au cours de votre vie.

    En 2012, « Le Vieux Chêne de Merville », est une recherche généalogique, une biographie,  écrit sous forme de roman qui relate la vie d’un aventurier breton en partant de deux familles avant 1900, l’une est Tourangelle et l’autre Bretonne. C’est une traversée du XXème siècle, de Lorient à l’Extrême Orient en passant par les goulags jusqu’en Chine, Paru aux éditions  Route du Soleil, récompensé en octobre 2012 par la médaille d’argent du prix Pierre Jakez Hélias.

    En 2014 un album jeunesse- livre objet ; « Petit Kohz, un bateau pas comme les autres »  aux Armoricaines éditions. Epuisé à l’heure actuelle.

    Les Linad

    - Linad- La petite fille aux orties, qu’on peut lire seul, puisqu’il se passe à notre époque.

    Puis c’est une remontée dans le temps et l’espace avec une Saga à trame historique, entre celtes et scandinaves : 3 tomes qui nous entraine dans un univers où l’Histoire et les légendes se mélangent,  des années 500, en passant plus tard par les croisades de St Louis, en Egypte L’œuvre se compose ainsi :

    -Linad  -le temps des druides et des dieux, où l’arrivée des Scandinaves ou Varègues  devant l’Ile de Groix où vous vivez actuellement :  2012 – Ed. Route du Soleil

    -Linad et les loups, 2ème partie : le temps des Cathédrales, des Vikings, de la sorcellerie, du Haut Moyen-Âge, en 2012, mais aussi de la construction des cathédrales. Ed. Route du Soleil 

    -Linad et Satan. 3ème partie : le temps du secret. Les Normands. 2013 : Route du Soleil Editions. 

    Et

    -Linad, La caverne des anciens- le temps de la sagesse, paru en 2016 chez : Route du Soleil éditions. Nous reviendrons longuement sur ce dernier qui fera l’objet de notre entretien.

     

    Dans votre bibliographie on peut s’apercevoir que vous touchez divers sujet. Vous passez du roman noir à la saga fantastique mais en faisant une pause sur un tout autre registre littéraire qu’est la poésie. Je ne peux pas faire autrement que de m’arrêter un instant sur ce sujet qui pour moi me parle.

    Etre poète à mon sens c’est de mettre la sensibilité au cœur des mots pour en faire jaillir la beauté des choses mais aussi et surtout transmettre des messages forts en prenant souvent position pour des causes justes et hélas incomprises ou occultées trop souvent. Comme le disait le poète Yves Cosson dans prose pour les errants : « sans feu ni lieu ! Sans fois ni loi réplique les hypocrites. Sans cave ni grenier, ni sans toit, ni porte, sans chaise ni table, sans lit et sans fenêtre, sans rien ! Mais comment vivre ? J’écris pour tous les sans-logis, les va-nu-pieds, les trimardeurs, les vagabonds, les traine savates, les chemineaux, les clodos pour tous les Benoîts Labre. Il y avait naguère, toujours jadis, la part du pauvre, l’écuelle au bas bout de la table, la porte ouverte, la paille pour l’étranger…

    (Benoîts Labre né le 26 mars 1748 à Amettes, qui appartenait au diocèse de Boulogne-en-Artois, décédé le 16 avril 1783 à Rome. C’était un pèlerin mendiant français qui avait parcouru en son temps les routes d'Europe. Il était surnommé le « Vagabond de Dieu ») 

    Question :

    Pour vous qu’est-ce un poète ? Quels sont les messages que vous véhiculez dans votre recueil : Tant qu’il y aura des mots ?

    Réponse :

    Mon intention n’est pas de véhiculer un message, mais de m’indigner, de crier mon désespoir sur la bêtise humaine, avec des mots qui me viennent du cœur, des tripes.  Je me suis rendu compte en écoutant la radio, en regardant les journaux, que chacun porte sa croix, mais qu’heureusement, il se trouve quelqu’un qui tend la main, et que non, nous ne sommes pas définitivement seuls. Pour moi, le poème est un cri du cœur,  quelque chose de très intime. Que ce soit la beauté d’un coucher de soleil ou le sourire d’un enfant, le poète peut le dire c’est son moi intérieur qui ne correspondra peut-être pas au mien. Pour ma part, j’écris en observant les choses de chaque jour, le malheur et le bonheur, les joies et les peines, les mots prononcés et les phrases non dites, les « on », les « parce que ». J’aime écrire et lorsque j’ai envie de crier parce que j’ai trop mal du mal des autres, j’écris et cela donne des cris de révolte. J’ai beaucoup souffert mais je n’en veux à personne. Mais je le dis, je n’écris pas sur les murs de la ville, mais si je l’osais…Dieu que je serais heureuse !

    Question :

    Pourriez-vous nous lire un ou deux texte de cet ouvrage et nous dire le pourquoi de votre ou de vos choix ?

    Réponse :

     "Oubli de l’oubli" page31 pour montrer la différence dans mes écrits : « Ma terre » paru dans un recueil de 1985 qui n’est plus édité.

     

     Je ne sais plus quoi faire.

     

    Les vaches sont rentrées, le blé est semé

    La soupe chauffe, les enfants sont couchés

    Je ne sais plus quoi faire…

    « Je ne m’ennuie pas, non je rêve

    J’ai remué la terre toute la journée

    J’aime la terre, c’est ma grève

    Mon salut, mon retour, ma trêve.

    Elle est lourde, elle est noire

    Elle est légère, elle est verdoyante

    Elle est promesse, elle est espoir

    Elle est tristesse, elle désenchante

    J’ai écouté le vent, j’ai regardé la lune

    J’ai écouté le savoir des vieux

    Tout ça pour ma terre brune

    Tout ça pour la nourrir mieux

    Je ne sais plus quoi faire…

    Mes reins sont fourbus, ma peau desséchée

    Mes ongles noirs, mes pieds éclatés

    Je suis près du feu, à ne rien faire

    J’attends, j’attends mon homme, mon chêne

    Mon amour et son odeur à lui

    J’attends mon homme, mes chaînes

    Ma raison d’être à lui.

    Je jouis de la terre, comme je jouis de lui.

    Mes pieds s’enfoncent dans la terre

    Mes yeux ne se lèvent que sur lui.

    Et je me fais enchanteresse comme ma terre

    Je pourrais prendre un tricot, une dentelle

    Je n’en ai pas envie ce soir, je suis bien

    Je pense à lui, à nous, en regardant la chandelle

    Je vais le voir entrer, heureux, se frottant les mains

    Une bonne journée, encore un jour heureux

    De bonnes semailles, de bonnes récoltes

    Une belle femme, un sourire au fond des yeux

    Et le ventre rond, promesse d’une autre récolte.

    Il ne dira rien, il n’est pas bavard.

    Les paroles sont légères, elles ne font que passer

    Il suffira de ses bras, de son regard

    Pour que j’oublie la fatigue de la journée

    Puis au coin du feu, nous parlerons d’elle

    Parce qu’en fin de compte, il n’y a qu’Elle

    L’horloge égrènera ses notes démentielles

    Pour nous dire qu’un jour, un soir, sans savoir

    Il faudra fermer le livre, arrêter l’histoire

    Qu’il sera temps de s’endormir…en Elle. (Janvier 1985)

  • Rencontre auteure avec Sophie Herboullier

    Après-midi à l'Amazone pour une rencontre auteure avec Sophie Herbouiller venue nous parler de son métier d'écrivain et de sa passion des mots.
     
    Une auteure pétillante à la plume éclectique qui nous a promenés dans son parcours de vie, dans ses romans jusqu'à son dernier ouvrage Nantes-La Baule, retrouvailles
     
    L'itinéraire "Nantes-La Baule" sert de fil conducteur à ce recueil de treize nouvelles, qui explore le thème des retrouvailles entre des personnes comme vous et moi, qui ...se sont perdues de vue.
    Famille, époux, amoureux ou amis, tous unis par un lien fort, parfois indéfectible!
    Et pourtant leurs routes se sont bel et bien écartées avec le temps, il paraît que c'est la vie...
    Mais renonce-t-on à un être cher?
    Dans chaque récit, le lecteur côtoie des univers et des genres différents, réalistes, oniriques, fantastiques.
    Les registre de langage, soutenu, courant ou familier, varient avec fluidité en fonction du narrateur de l'histoire, sous la plume ciselée et le style toujours alerte de l'auteure.
    L'émotion est de nouveau au rendez-vous de ce recueil!
    Sophie Herbouillier ne manquera pas de nous parler de son œuvre en général et de son travail d'écrivain en particulier.

    Un après-midi placé sous le signe de la plume et de l'imaginaire!
     
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    L'onde n'a d'égale qu'un esprit voyageur.

    Tsunami

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  • rencontre auteur Robert Blée du 22 10 16

    L'association Aurore Etoilée m'a reçu pour un entretien littéraire, un moment de poésie.

     

    Madame Jocelyne Gautier, Présidente de cette petite sructure a a pour  l'occasion animé notre rencontre.  

    : Vous êtes né, le 22 03 1959 en région parisienne, à Villemomble 93. Premier né d'une famille ouvrière de quatre enfants, où l'art et la littérature, sans pour autant les ignorer, n'avaient pas forcément une place prépondérante au sein du foyer.  Vous résidez actuellement à Châteaubriant, après un passage sur Saint Nazaire et la Brière, où vous avez rénové de vos propres mains, deux maisons. Non content d'être un manuel averti et compétent vous êtes écrivain, poète, vous dessinez, vous peignez, vous avez fait plusieurs expositions de vos créations : photographies insolites sur la nature, que vous agrémentez de textes poétiques, vous flirtez avec l'aquarelle, l'huile et le crayon graphite.

    Vous-même, papa de quatre enfants dont une petite Aurore, que vous avez perdue à l'âge de 36 mois.

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    Réponse:

     

    Avant toute chose je tiens à préciser que je ne suis pas un écrivain. Je ne suis qu'un auteur puisque pour moi un écrivain vit de sa plume. En tant que tel, je n'en tire que du plaisir que j'essaie de partager au fil des pages que j'écris.

     

    Pour revenir sur le décè de ma fille...

    L’accouchement de notre premier enfant, de ma fille Aurore s’est très mal déroulé malgré notre précaution d’avoir pris les services d’un obstétricien particulier. Le médecin pour des raisons festives n’a pu venir à l’heure et les sages-femmes n’ont pas osé intervenir jusqu'à ce que le liquide amniotique soit trop foncé… Je ne garde en souvenir que la précipitation de ces dernières pour agir mais trop tardivement et le bébé était déjà en souffrance du fait d’un manque d’air. Il en résultat un œdème cérébral qui engendra l’infirmité motrice cérébrale. Malheureusement ce genre d’accident que se soit lors de l’accouchement ou juste après fait 1800 victimes par an. Je ne compte pas les parents effondrés et les familles qui s’éclatent par manque d’aide psychologique en milieu adapté. Peu à peu mais trop timidement on commence à parler de la souffrance parentale face aux handicaps. Je dis « face aux handicaps car toutes formes de handicaps ou d’invalidités entraînent des ravages dans les familles concernées.

     

    Question 1 :

    Quelques mots sur l'association.

     

    REPONSE:

    La création de l’association fut le fruit du hasard, tout comme l'a été l’édition de mon premier recueil de poésie : Poésie d’Aurore.

    En 2010 je fus obligé, pour des raisons de santé, de stopper toutes activités professionnelles. A cette époque je me suis replié sur moi-même et j’ai commencé à écrire mes ressentis de vie sur des forums littéraires. C’est ainsi que mon ami Gérard Prost, président de l’association : Mots en Liberté et responsable de la maison des éditions « La safranière » m’a contacté puis aidé à mettre en place cette toute petite structure, ici, à châteaubriant. 

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    Question :

     

    Vous étiez très jeune lors de cette douloureuse partie de votre vie, ce projet d'association a donc longuement muri. Comment et pourquoi, l'idée de vous mettre au service du handicap par le biais de la littérature et la culture ?

     

    REPONSE

    Cela remonte en 1985, année de naissance de ma fille. Nous fumes, ma conjointe de l’époque et moi-même, concerné de plein fout par l’infirmité motrice cérébrale (IMC), qui rappelons est liée à un ensemble de handicaps dû à une atteinte ou lésion du cerveau. L'infirmité motrice cérébrale touche environ 1800 bébés par an...

    Cette atteinte survient très tôt, au cours de la grossesse, lors de l'accouchement ou dans les premières années de l'enfance.

    J’ai vu ma femme âgée de 19 ans sombrer dans une profonde dépression. Moi-même je fus touché par ce handicap, j’emploi le mot handicap, car la dépression est un handicap. Je me suis saoulé de travail à en perdre toute vie. Pour tenir il me fallait une échappatoire et je l’ai trouvé dans le rêve. Ce n’est qu’au décès de notre petite en 87 que j’ai commencé à réfléchir à créer une structure mais le temps, la crainte, la vie ont fait que je ne l’ai fait qu’en 2013.

    La culture ! Je ne sais pas. Au début je n’ai fais que transmettre mes ressentis par le biais de l’écriture. Puis peu à peu tout c’est mit en place autour de l’art, autour d’amis, de personnes proches dont tu fais partie Jocelyne.   

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    Question :

    Vous étiez très jeune lors de cette douloureuse partie de votre vie, ce projet d'association a donc longuement mûri. Comment et pourquoi, l'idée de vous mettre au service du handicap par le biais de la littérature et la culture ?

     

    REPONSE

    Cela remonte en 1985, année de naissance de ma fille. Nous fûmes, ma conjointe de l’époque et moi-même, concernés de plein fouet par l’infirmité motrice cérébrale (IMC) qui rappelons est liée à un ensemble de handicaps dus à une atteinte ou lésion du cerveau. L'infirmité touche environ 1800 personnes par an... Cette atteinte survient très tôt, au cours de la grossesse, lors de l'accouchement ou dans les premières années de l'enfance.

    J’ai vu ma femme âgée de 19 ans sombrer dans une profonde dépression. Moi-même je fus touché par ce handicap, j’emploie le mot handicap, car la dépression est un handicap et non une invalidité. Je me suis saoulé de travail, d’alcool, de tabac à en perdre toute vie. Pour tenir il me fallait un échappatoire et je l’ai trouvé dans le rêve, dans l’imaginaire qui me tenait éveillé, qui me nourrissait aussi.

    Ce n’est qu’au décès de notre petite en 87 que j’ai commencé à réfléchir à créer une structure mais le temps, la crainte, la vie ont fait que je ne l’ai fait qu’en 2013.

    Au début je n’ai fait que transmettre mes ressentis par le biais de l’écriture. Puis peu à peu tout c’est mis en place autour de l’art, autour d’amis, de personnes proches, dont tu fais partie Jocelyne. 

     

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    Question :

    Dans la conception de votre projet créée en 2013 vous y avez inclus d'abord la poésie, les lettres, l'écriture, maintenant l'association s'ouvre à d'autres formes d'art pourriez vous nous dire pouquoi?

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    REPONSE

    J’ai créé l’association dans le but de mettre le monde des lettres, celui de la poésie  aux services du handicap cérébral, mental avec des incidences motrices et cognitives

    Je voudrais que l’association perdure dans cette voie. C’est dans ce but que nous recevons beaucoup d’artistes de tous horizons puis c’est aussi un moyen de nourrir intellectuellement les membres qui constituent l’association. L’écriture passe à mon humble avis par l’observation et l’ouverture aux autres formes artistiques. Cela passe aussi par l’écoute de notre monde et de son environnement. Chaque auteur reconnu ou pas est un transmetteur, un visionnaire du monde qui l’entoure. 

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    Question :

    Vous avez fait plusieurs métiers, plombier, responsable d'entreprise, vous avez connu le costume-cravate et les tâches administratives pour les services de la petite enfance de la mairie de Noisy Le Grand 93, où vous ne vous sentiez pas à votre aise. Puis, le besoin d'air, d'évasion se faisait grandissant, besoin de tranquillité aussi, l'insécurité de la région parisienne vous pesait. Partir pour un nouveau départ avec femme et enfants.

    Vous avez pris le large vers Saint Nazaire pour faire connaissance avec le monde des bateaux, plus précisément dans la construction de mastodontes. Vous avez laissé le costume et endossé le bleu de travail. Le travail à bord était très dur, métier d'homme, ou la solidarité, le savoir-faire sont des qualités prédominantes.

     

    Vous êtes devenu ce qu’on appelle un marin de quai sur les chantiers de l'atlantique. Tuyauteur, plombier chauffagiste dépanneur, soudeur, il vous a pourtant, fallu passer un C.A.P de plombier à 50 ans. En peu de temps, de formateur, ouvrier hautement qualifié, vous vous êtes retrouvé ouvrier exécutant.

     

    Sur ce chantier, où le bruit est incessant, le danger constant, vous arriviez à vous isoler dans le rêve. Comment trouver refuge dans les rêves dans un lieu aussi peu enclin à la poésie ?

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    REPONSE

    Oui, j’ai travaillé comme responsable de secteur aux services : petite enfance de la commune de Noisy le Grand. Si j’ai quitté ce poste pour venir dans la région m’établir c’était pour  préserver mes enfants de l’environnement où ils évoluaient, pour essayer de reconstruire notre couple et nous éloigner de la sépulture de notre fille afin de reprendre pied, mais tout ne s’est pas passé comme je l’espérais. C’est ainsi…

    Je suis arrivé en septembre sur le chantier un matin très tôt 6h00, il faisait encore nuit et les gerbes d’étincelles et de feu des chalumeaux découpeurs illuminaient des visages durs et trempés de pluie. Je me souviens que la gueule béante du nez, du X31, nom de code du premier navire où j’ai œuvré, gémissait. Le froid et l’humidité travaillaient le métal qui se rétractait, phénomène naturel. Ce fut pour moi une découverte impressionnante. Je ne sais pas pourquoi mais dans notre région nous ne parlons pas suffisamment des hommes qui font « le chantier » et qui travaillent en ce lieu d’exception à un métier de pointe.

    L’environnement y est dangereux, nombreux sont les accidents, souvent ils sont très graves, bien que la sécurité depuis les années 2000 se soit améliorée. Ces hommes m’ont tout appris, tout donné professionnellement. J’ai pour eux un profond respect. Ce sont des gaillards aux visages souvent grisâtres par les poussières de soudure et celles de la fleur de rouille qui dans une fumée acre et dans une chaleur, ou un froid intense travaillent, chantent, rient. L’entraide dans ces conditions, je pense qu’elle vient naturellement sinon des conflits se déclencheraient, et dans un un tel environnement prendraientt des proportions énormes.

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    J'aimerais que vous nous lisiez le poème : " Comme un loup " page 27 de votre recueil Poésie d’Aurore parut aux éditions : Safranirèe  en 2013

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    LECTURE :

    Comme un loup

     

    Comme un loup blessé,

    Je me suis léché,

    J’ai suivi le chemin,

    Sentier de mon déclin.

     

    Comme un loup solitaire,

    Je n’ai voulu déplaire,

    J’ai fuit pour des sommets glacés

    Où tu ne pourras me trouver.

     

    Comme un loup fou de solitude

    Je suis parti vers l’altitude

    M’étouffer de ces vieux souvenirs

    D’esquisses d’idées noires à mourir.

     

    Comme un vieux fou de loup solitaire

    Hurle la mort aux brouillards des nuits,

    Sombre destin ordinaire,

    D’une triste mort de chien husky.

     

    REPONSE

    Non, plus à l’heure actuelle ! Mais, l’ensemble de l’œuvre est une forme de testament pour mes enfants qui parfois, pour ne pas dire souvent ont été malgré eux le jouet de nos souffrances d’adultes. Je voulais leur parler, leur laisser une trace, un objet qui symbolise aussi mon amour pour eux, le manque de ma fille et aussi pour qu’ils se rendent compte que malgré la souffrance, les échecs, les doutes on pouvait faire rejaillir du beau même si cette beauté est faite de sombre.

    Mais… je sais que ce sera incomplet car j’ai tant de projets qui ne verront pas le jour.

    Une structure où les parents de bébés ou de très jeunes enfants « dits différents » pourraient laisser durant quelques heures leurs progénitures pour souffler, ne serait ce que pour s’évader au restaurant, au cinéma ou se retrouver pour des moments privilégiés sans que ceux-ci puissent culpabiliser, sans qu’ils puissent se sentir coupables d’abandonner leur trésor. Je ne sais pas mais une forme de halte garderie spécialisée mais ce n’est qu’un rêve que je n’arriverai jamais à mettre sur pied ou alors il faudrait une volonté politique, l’aide de la commune, de l’intercommunalité, de la région, bref de l’état. Et à l’heure de la désertification médicale où trouverons-nous les bénévoles et autres corps de médecine pour nous aider ?

    Je sais que des idées comme celle-ci germent dans les têtes de responsables d’entreprise tout comme à Derval où un centre équestre voulait mettre en place ce genre d’idée. Mais je n’en ai plus de nouvelle…

    Mon deuxième souhait serait de mettre ma ville qui est l’amie des enfants, mais surtout et aussi mes amis artistes écrivains et plasticiens au cœur d’une cause. Faire de Châteaubriant la ville d’art au service du handicap ne serait-ce qu’une journée par an.

    Je pense que peu à peu nous y arriverons avec l’aide de tout le monde.

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