À la rencontre de deux poètes ligériens Jean-Claude Lamatabois et Yves Cosson
- Par poesieflanante
- Le 04/11/2016
- Dans Mes participations aux rencontres d'auteur
- 0 commentaire
Le 22 10 216, dans le cadre de l'association Aurore Etoilée : http://www.aurore-etoilee.fr/ , Je me suis glissé dans l'oeuvre du poète Yves Cosson
Je vais commencer par quelques mots que j’emprunterais à Victor Hugo : “ Tout ce qui est mort, comme fait, est vivant comme enseignement.” Je sais qu’ils résonneront à n’en pas douter dans les creux de chaque pierres de cette demeure.
L’enseignement, héritage de vie, que nous ont laissé, les érudits de mots, les passeurs de rêves, les visionnaires de notre monde, les poètes qu’étaient...qui sont...encore et pour toujours gravés à jamais dans nos cœurs, rangés dans nos mémoires, Yves Cosson et Jean Claude Lamatabois.
Non par galvaudage, mais par affinité et respect, je m’autoriserais à tutoyer la mémoire de ces deux hommes.
Yves disait : Le poète est un marchand de plaisirs qui ne coûtent rien il suffit d’avoir la patience d’écouter.
Comme des pâtisseries craquantes sous la dent, les poèmes se savourent. Ils vous mettent l’eau de la vie à la bouche. Ils disent la tendresse du cœur, la fantaisie des rêveries, la beauté du monde, la douceur des regards d’enfants, le charme du sourire des femmes.
Marchand de plaisirs,
Marchand d’oublies,
Donneur de joie,
Le colporteur des merveilles passe …
Et au plaisir !
Oui, au plaisir d’être vos enfants, Messieurs les poètes !
Au plaisir de savourer l’une de vos pâtisseries craquantes aux pieds des marches du passage de la Pommeraye ou plus exotiquement au pied du phare de la plage de Villes-Martin à Saint-Nazaire. Là, où les transhumances des navires dessinent des chapelets d’acier, au loin, à l’horizon.
Chapelet… comme un collier de perles sur lesquelles sont gravés, écrits par amour, un par un, les poèmes adressés à une femme, aux dames, à une citée, une ville : Châteaubriant, Gaby, Nantes.
Mais il faut de la patience, comme dit le poète !
On l’acquiert au fil du temps, parfois au rythme d’une ville, d’une rue, comme cet homme de lettres Yves Cosson né le 21 avril 1919, ici, à Châteaubriant par un lundi de Pâques, sous la neige.
Une venue au monde sous le signe, en effet, hautement positif d’un double symbolisme ; d’abord, du point de vue religieux chrétien, récurrent dans l’œuvre : le poète reçoit la vie au lendemain de la victoire de Jésus sur la mort. Puis, littérairement dans la maison si chère aux poètes médiévaux, de la « Reverdie » printanière, une « Reverdie » propre, bien sûr, à chanter la joie, l’amour.
Nous pouvons, si nous tendons l’oreille, encore l’écouter jouer, chanter, déclamer, là, tout près, rue de Couéré, rue qui l’a vu naître.
Pascale Serraud ( texte écrit pour l'occasion )
L’entendre jouer
Oui je l'entends jouer,
Ses rires volent en éclats
Je les vois finissant, brisés sur les pavés
Où raisonnent encore ses premiers pas.
Oui là, parmi vous, je l'écoute chanter
Aux vents les paroles d'enfants
Ou encore lire dans la pluie qui goutte
Les prières des hommes tremblants.
Galopin en galoches dans les années 1930 ; Yves pouvait dévaler en courant, la Place des Terrasses jusqu’à la Chère, comme un enfant joyeux et déluré qui sillonnait la ville où on allait encore à pied.
Première nocturne
Frise le temps, frise le vent
Les feuillages s'agitent
Mariée, douce mariée de mai
Sors de ton lit
Berceaux fanés du soir
Danse la gigouillette.
Au secret des buissons
La Blisière et la Forge
Frissonnent dans le noir.
Muet, secret, perdu
S’endort sans bruit
Le Pays de la Mée
Sous la fine résille
Des peupliers pourprés.
Pommiers, pommiers d’Amour
Les vergers s’abandonnent
Aux gauleurs de Toussaint.
Belle dormant au Bois
Fille de l’Emigré
Pendu aux branches du couchant,
La fille aux cheveux roux
Perdue dans les fourrés d’antan,
Tu revivras Guenièvre
Viviane ou Mélusine
Françoise en ton château.
Cueillerons-nous encore
La sauge et la jacinthe
Le muguet de Juigné…
En sa robe de bal
Rose et mauve elle rôde
L’âme inapaisée
De mon pays muet.
Jocelyne Gautier, présidente de l'association Aurore Etoilée
Auteure du texte, et lecture
DANS MON STALAG
Vois-tu mon ami, dans mon stalag,
Je n’ai cessé de prier et de croire dans l’homme,
Dans l’homme et la beauté des choses
Pour que dans mon jardin les poèmes éclosent.
Je n’ai cessé de poser des strophes sur des paysages,
Sur des boutons de roses,
Sur les plus beaux visages,
Et des rimes sur les rires et les sourires d’enfants.
Une jacinthe au cœur d’azur,
Un hortensia bleu,
Et ton ombre Gabrielle
Se pare de tendresse et de chatons de saule.
Les mots simples de la vie,
Je les ai mis en poésie.
On me dit, homme de plume,
Serait-ce, ainsi que l’on résume
Ma passion pour des mots griffonnés
Au gré de mes émotions, au gré de mes sensations ?
Entre rêve et réalité,
Souvent, je me suis évadé.
Mes amis disaient de moi
Que j’étais un marchand de courant d’air littéraire.
Je vous avoue que cela a tout l’air de me plaire,
Car, j’y ai trouvé ma voie.
Odile Boinière
Clin d'oeil au poète René-Guy Cadou lors de la lecture de :
La blanche école où je vivrai
La blanche école où je vivrai
N'aura pas de roses rouges
Mais seulement devant le seuil
Un bouquet d'enfants qui bougent
On entendra sous les fenêtres
Le chant du coq et du roulier ;
Un oiseau naîtra de la plume
Tremblante au bord de l'encrier
Tout sera joie ! Les têtes blondes
S'allumeront dans le soleil,
Et les enfants feront des rondes
Pour tenter les gamins du ciel.
----------------------------
Francine Lamatabois nous parle de son mari défun
Jean Marc-Bourdet : http://www.facebook.com/lecarredjean/
Rapide biographie :
Jean-Claude s’était éveillé à la vie le 5 août 1943 à Gradignan, en Gironde, dans une famille ouvrière. C’était un esprit curieux, un boulimique d’activités qui voulait comprendre la vie.
A l’école, il notait au hasard, sur des cahiers qu’il appelait de « veille », ses états d’âmes, poésies, aphorismes et chroniques… Ces cahiers perdus ou enlevés par la mer nous auraient parlé des pays, des gens et des guerres qui marquaient les voyages de son époque.
Son premier grand désir était de devenir chef d’orchestre et aux études s’ajouta, avec sa grand-mère, la pratique du piano et les errances dans le Paris des artistes qu’elle fréquentait… Avec elle, il découvrit les nocturnes de Chopin qu’il affectionnait et la bouleversante méditation de Thaïs de Massenet. L’esprit en voyage, il rêvait de jouer de la musique en pleine forêt amazonienne.
Son second désir était en effet d’étudier la vie des indiens Jivaros, pour les défendre contre les multinationales qui incendient sans scrupule le poumon de la planète et, pour le réaliser, il apprit des éléments d’ethnologie en faculté ou à Paris, au muséum national d’histoire naturelle.
Faute de moyens financiers, il ne fut ni chef d’orchestre, ni chef explorateur mais sortit de l’école d’hydrographie avec le brevet d’officier mécanicien de la marine marchande et il embarqua d’abord au long cours.
Marin, il fit son service militaire dans la Royale et fut envoyé en Polynésie où il participa aux essais nucléaires aériens comme chef mécanicien à bord du LCT 9098. C’est ainsi que, dès le 2 juillet 1966, il a été contaminé de manière irrémédiable par le premier tir atmosphérique - nom de code « Aldébaran » - et qu’il a connu les blessures terribles de la plus folle des machines de guerre inventées par les hommes.
Marié, deux enfants, devenu marin portuaire sur remorqueur à Saint-Nazaire et en Afrique, il s’immerge dans une intense activité militante, politique et syndicale. Ses amis, ses camarades ouvriers et intellectuels, l’encouragent à l’écriture et la littérature devient une passion douloureuse et joyeuse, un hymne à la vie.
Lorsque la maladie l’immobilisa, que l’irradiation lui déclencha six cancers, choyés par les siens, il transforma les douleurs physiques en leçons de vie, publiant une trentaine d’ouvrages : romans, poésies, nouvelles, essais qu’il illustrait de ses dessins et de ceux de ses amis.
Il ne s’est jamais isolé dans une « tour d’ivoire » mais a toujours fixé à son voisin de planète, à son frère, un rendez-vous au bout de chaque poème, de chaque phrase et de chaque trait de lumière de ses dessins et peintures.
Jean-Claude aimait les gens et chacun de ses titres est un hymne au bonheur bercé par un idéal de fraternité, de paix et de liberté qu’il n’a jamais renié. Il voulait changer la vie et, lorsque je ferme les yeux, il est là, debout au milieu d’une clairière de la forêt amazonienne, donnant le tempo du chef, à un orchestre de Jivaros accompagné d’un chœur de perroquets écarlates dans l’éblouissement et le parfum des orchidées.
Extrait de « Navigation à l’estime » page 19 :
« Mes phrases s’étirent sur de longs parchemins et chaque texte féconde le suivant. Ensuite, sur cette interminable partition, je dépose des soupirs, des demi-pauses… Ces silences installent dans l’imagination, la créativité, l’expression de phénomènes foudroyants.
Délicatement, ma vigueur poétique s’est modelée, s’est formée, d’après l’apparition de lointaines chimères, au fond de cette planète, telle que je l’ai parcourue. C’est une fièvre, une ivresse que d’apprendre à aimer l’univers… Plus humblement, cela veut dire également apercevoir son paysage intime… savoir se reconnaître. »
Poème : Mirage d’un soir
Il faisait bon ce soir-là
Tel un ange du paradis
Tu voletais par-ci, par-là
Dans mon cœur attendri.
Le vent me fouettait le visage
Tes lèvres chuchotaient l’amour
Tu m’apparus telle un mirage
Tout comme au premier jour.
Le jour où l’on m’empêchera
De suivre la course des nuages
Je m’éteindrai, tout bas
Sans nom, sans âge.
Quarts de nuit - 1968
3 - Extrait de « Navigation à l’estime » page 20
« Si mon écriture semble se répandre en tous sens et que courent, au fil des textes…prose coupée de poèmes… quelques incertitudes lyriques, alors le pari de la réussite est gagné. Je suis à l’intérieur, comme à l’extérieur, ce qui veut dire que j’ignore le « vouloir paraître ».
Noëlle Ménard, Chancelier de l'accadémie littéraire de bretagne et des pays de la Loire, nièce du poète Yves Cosson, venue nous rejoindre pour quelques anecdotes et lectures de l'oeuvre de son oncle.
Mes amis poètes, auteurs, Comédiens
Thérèse-André Abdelaziz, romancière : http://lesromanciersnantais.com/membres/andre-abdelaziz-therese/
JARDIN DU PERE
Le vieux pêcher aux quatre pêches est mort
Est mort le rosier nain
Morte la treille aux raisins secs
Il va pleuvoir sur le jardin du père
Pourquoi retournerais-je aux jeux d’enfance
Le charme jaune a des fruits d’or
Nadia Bousnoun, responsable du théâtre Puzzle Nantes: http://www.theatrepuzzle.com/
Clin d'oeil au poète René-Guy Cadou
Destin du poète
Le soir qui bouge son oreille
Comme un vieil âne abandonné
Le dernier corset d'une abeille
Oublié sur la cheminée
La cloche triste de l'asile
Et le pas qui répond au pas
Dans la mesure où ce qui veille
Encourage ce qui n'est pas
L'oiseau qui tombe sur la pierre
Le sang qui tombe sur le cœur
La bonne pluie des réverbères
Qui donne à boire au malfaiteur
Le trou d'aiguille par où passe
Le fil ténu de la clarté
La bobine du temps qui roule
Sous les lauriers sous les sommiers
Mais se savoir parmi les hommes
En un présent aventureux
Une petite lampe à huile
Qui peut encore mettre le feu.
Michel L'hostis Poète NANTAIS
Lecture d'un poème de Jean-Claude Lamatabois
VACANCES, VERTIGES,
La bouche est pleine,
Les palabres familières s’entrecroisent,
Secouent les dents malades.
Histoires pour les lèvres de Thérèse.
As-tu des nouvelles de Douala ?
Depuis, notre pirogue a dû
S’enfouir, appartenir à la lagune.
Nous allons renaître et vivre enfin
Au présent, figer les tours du silence,
Inciser la grisaille
Au pays des algues folles
Et nous amarrer le soir près des tuiles blanchies.
Tu découvriras sur l’étrave de ton boutre
Entre chien et loup
La passion accrochée à ton heureux tourment.
Pinasse, boutre !
Voilà notre jonque qui revient épouser les fumées rouges,
Les témoins sont les poissons légendaires
De Zanzibar.
Pieds nus sur la vergue légèrement oblique
Nous attouchons les bourrasques en vacances.
Yann Malau chanteur, compositeur, artiste de la scène nazairienne:
http://www.facebook.com/yann.malau?fref=ts
La fin en chanson avec son dernier album L'amour Araigné
Salut final
Ajouter un commentaire