rencontre auteur Robert Blée du 22 10 16

L'association Aurore Etoilée m'a reçu pour un entretien littéraire, un moment de poésie.

 

Madame Jocelyne Gautier, Présidente de cette petite sructure a a pour  l'occasion animé notre rencontre.  

: Vous êtes né, le 22 03 1959 en région parisienne, à Villemomble 93. Premier né d'une famille ouvrière de quatre enfants, où l'art et la littérature, sans pour autant les ignorer, n'avaient pas forcément une place prépondérante au sein du foyer.  Vous résidez actuellement à Châteaubriant, après un passage sur Saint Nazaire et la Brière, où vous avez rénové de vos propres mains, deux maisons. Non content d'être un manuel averti et compétent vous êtes écrivain, poète, vous dessinez, vous peignez, vous avez fait plusieurs expositions de vos créations : photographies insolites sur la nature, que vous agrémentez de textes poétiques, vous flirtez avec l'aquarelle, l'huile et le crayon graphite.

Vous-même, papa de quatre enfants dont une petite Aurore, que vous avez perdue à l'âge de 36 mois.

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Réponse:

 

Avant toute chose je tiens à préciser que je ne suis pas un écrivain. Je ne suis qu'un auteur puisque pour moi un écrivain vit de sa plume. En tant que tel, je n'en tire que du plaisir que j'essaie de partager au fil des pages que j'écris.

 

Pour revenir sur le décè de ma fille...

L’accouchement de notre premier enfant, de ma fille Aurore s’est très mal déroulé malgré notre précaution d’avoir pris les services d’un obstétricien particulier. Le médecin pour des raisons festives n’a pu venir à l’heure et les sages-femmes n’ont pas osé intervenir jusqu'à ce que le liquide amniotique soit trop foncé… Je ne garde en souvenir que la précipitation de ces dernières pour agir mais trop tardivement et le bébé était déjà en souffrance du fait d’un manque d’air. Il en résultat un œdème cérébral qui engendra l’infirmité motrice cérébrale. Malheureusement ce genre d’accident que se soit lors de l’accouchement ou juste après fait 1800 victimes par an. Je ne compte pas les parents effondrés et les familles qui s’éclatent par manque d’aide psychologique en milieu adapté. Peu à peu mais trop timidement on commence à parler de la souffrance parentale face aux handicaps. Je dis « face aux handicaps car toutes formes de handicaps ou d’invalidités entraînent des ravages dans les familles concernées.

 

Question 1 :

Quelques mots sur l'association.

 

REPONSE:

La création de l’association fut le fruit du hasard, tout comme l'a été l’édition de mon premier recueil de poésie : Poésie d’Aurore.

En 2010 je fus obligé, pour des raisons de santé, de stopper toutes activités professionnelles. A cette époque je me suis replié sur moi-même et j’ai commencé à écrire mes ressentis de vie sur des forums littéraires. C’est ainsi que mon ami Gérard Prost, président de l’association : Mots en Liberté et responsable de la maison des éditions « La safranière » m’a contacté puis aidé à mettre en place cette toute petite structure, ici, à châteaubriant. 

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Question :

 

Vous étiez très jeune lors de cette douloureuse partie de votre vie, ce projet d'association a donc longuement muri. Comment et pourquoi, l'idée de vous mettre au service du handicap par le biais de la littérature et la culture ?

 

REPONSE

Cela remonte en 1985, année de naissance de ma fille. Nous fumes, ma conjointe de l’époque et moi-même, concerné de plein fout par l’infirmité motrice cérébrale (IMC), qui rappelons est liée à un ensemble de handicaps dû à une atteinte ou lésion du cerveau. L'infirmité motrice cérébrale touche environ 1800 bébés par an...

Cette atteinte survient très tôt, au cours de la grossesse, lors de l'accouchement ou dans les premières années de l'enfance.

J’ai vu ma femme âgée de 19 ans sombrer dans une profonde dépression. Moi-même je fus touché par ce handicap, j’emploi le mot handicap, car la dépression est un handicap. Je me suis saoulé de travail à en perdre toute vie. Pour tenir il me fallait une échappatoire et je l’ai trouvé dans le rêve. Ce n’est qu’au décès de notre petite en 87 que j’ai commencé à réfléchir à créer une structure mais le temps, la crainte, la vie ont fait que je ne l’ai fait qu’en 2013.

La culture ! Je ne sais pas. Au début je n’ai fais que transmettre mes ressentis par le biais de l’écriture. Puis peu à peu tout c’est mit en place autour de l’art, autour d’amis, de personnes proches dont tu fais partie Jocelyne.   

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Question :

Vous étiez très jeune lors de cette douloureuse partie de votre vie, ce projet d'association a donc longuement mûri. Comment et pourquoi, l'idée de vous mettre au service du handicap par le biais de la littérature et la culture ?

 

REPONSE

Cela remonte en 1985, année de naissance de ma fille. Nous fûmes, ma conjointe de l’époque et moi-même, concernés de plein fouet par l’infirmité motrice cérébrale (IMC) qui rappelons est liée à un ensemble de handicaps dus à une atteinte ou lésion du cerveau. L'infirmité touche environ 1800 personnes par an... Cette atteinte survient très tôt, au cours de la grossesse, lors de l'accouchement ou dans les premières années de l'enfance.

J’ai vu ma femme âgée de 19 ans sombrer dans une profonde dépression. Moi-même je fus touché par ce handicap, j’emploie le mot handicap, car la dépression est un handicap et non une invalidité. Je me suis saoulé de travail, d’alcool, de tabac à en perdre toute vie. Pour tenir il me fallait un échappatoire et je l’ai trouvé dans le rêve, dans l’imaginaire qui me tenait éveillé, qui me nourrissait aussi.

Ce n’est qu’au décès de notre petite en 87 que j’ai commencé à réfléchir à créer une structure mais le temps, la crainte, la vie ont fait que je ne l’ai fait qu’en 2013.

Au début je n’ai fait que transmettre mes ressentis par le biais de l’écriture. Puis peu à peu tout c’est mis en place autour de l’art, autour d’amis, de personnes proches, dont tu fais partie Jocelyne. 

 

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Question :

Dans la conception de votre projet créée en 2013 vous y avez inclus d'abord la poésie, les lettres, l'écriture, maintenant l'association s'ouvre à d'autres formes d'art pourriez vous nous dire pouquoi?

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REPONSE

J’ai créé l’association dans le but de mettre le monde des lettres, celui de la poésie  aux services du handicap cérébral, mental avec des incidences motrices et cognitives

Je voudrais que l’association perdure dans cette voie. C’est dans ce but que nous recevons beaucoup d’artistes de tous horizons puis c’est aussi un moyen de nourrir intellectuellement les membres qui constituent l’association. L’écriture passe à mon humble avis par l’observation et l’ouverture aux autres formes artistiques. Cela passe aussi par l’écoute de notre monde et de son environnement. Chaque auteur reconnu ou pas est un transmetteur, un visionnaire du monde qui l’entoure. 

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Question :

Vous avez fait plusieurs métiers, plombier, responsable d'entreprise, vous avez connu le costume-cravate et les tâches administratives pour les services de la petite enfance de la mairie de Noisy Le Grand 93, où vous ne vous sentiez pas à votre aise. Puis, le besoin d'air, d'évasion se faisait grandissant, besoin de tranquillité aussi, l'insécurité de la région parisienne vous pesait. Partir pour un nouveau départ avec femme et enfants.

Vous avez pris le large vers Saint Nazaire pour faire connaissance avec le monde des bateaux, plus précisément dans la construction de mastodontes. Vous avez laissé le costume et endossé le bleu de travail. Le travail à bord était très dur, métier d'homme, ou la solidarité, le savoir-faire sont des qualités prédominantes.

 

Vous êtes devenu ce qu’on appelle un marin de quai sur les chantiers de l'atlantique. Tuyauteur, plombier chauffagiste dépanneur, soudeur, il vous a pourtant, fallu passer un C.A.P de plombier à 50 ans. En peu de temps, de formateur, ouvrier hautement qualifié, vous vous êtes retrouvé ouvrier exécutant.

 

Sur ce chantier, où le bruit est incessant, le danger constant, vous arriviez à vous isoler dans le rêve. Comment trouver refuge dans les rêves dans un lieu aussi peu enclin à la poésie ?

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REPONSE

Oui, j’ai travaillé comme responsable de secteur aux services : petite enfance de la commune de Noisy le Grand. Si j’ai quitté ce poste pour venir dans la région m’établir c’était pour  préserver mes enfants de l’environnement où ils évoluaient, pour essayer de reconstruire notre couple et nous éloigner de la sépulture de notre fille afin de reprendre pied, mais tout ne s’est pas passé comme je l’espérais. C’est ainsi…

Je suis arrivé en septembre sur le chantier un matin très tôt 6h00, il faisait encore nuit et les gerbes d’étincelles et de feu des chalumeaux découpeurs illuminaient des visages durs et trempés de pluie. Je me souviens que la gueule béante du nez, du X31, nom de code du premier navire où j’ai œuvré, gémissait. Le froid et l’humidité travaillaient le métal qui se rétractait, phénomène naturel. Ce fut pour moi une découverte impressionnante. Je ne sais pas pourquoi mais dans notre région nous ne parlons pas suffisamment des hommes qui font « le chantier » et qui travaillent en ce lieu d’exception à un métier de pointe.

L’environnement y est dangereux, nombreux sont les accidents, souvent ils sont très graves, bien que la sécurité depuis les années 2000 se soit améliorée. Ces hommes m’ont tout appris, tout donné professionnellement. J’ai pour eux un profond respect. Ce sont des gaillards aux visages souvent grisâtres par les poussières de soudure et celles de la fleur de rouille qui dans une fumée acre et dans une chaleur, ou un froid intense travaillent, chantent, rient. L’entraide dans ces conditions, je pense qu’elle vient naturellement sinon des conflits se déclencheraient, et dans un un tel environnement prendraientt des proportions énormes.

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J'aimerais que vous nous lisiez le poème : " Comme un loup " page 27 de votre recueil Poésie d’Aurore parut aux éditions : Safranirèe  en 2013

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LECTURE :

Comme un loup

 

Comme un loup blessé,

Je me suis léché,

J’ai suivi le chemin,

Sentier de mon déclin.

 

Comme un loup solitaire,

Je n’ai voulu déplaire,

J’ai fuit pour des sommets glacés

Où tu ne pourras me trouver.

 

Comme un loup fou de solitude

Je suis parti vers l’altitude

M’étouffer de ces vieux souvenirs

D’esquisses d’idées noires à mourir.

 

Comme un vieux fou de loup solitaire

Hurle la mort aux brouillards des nuits,

Sombre destin ordinaire,

D’une triste mort de chien husky.

 

REPONSE

Non, plus à l’heure actuelle ! Mais, l’ensemble de l’œuvre est une forme de testament pour mes enfants qui parfois, pour ne pas dire souvent ont été malgré eux le jouet de nos souffrances d’adultes. Je voulais leur parler, leur laisser une trace, un objet qui symbolise aussi mon amour pour eux, le manque de ma fille et aussi pour qu’ils se rendent compte que malgré la souffrance, les échecs, les doutes on pouvait faire rejaillir du beau même si cette beauté est faite de sombre.

Mais… je sais que ce sera incomplet car j’ai tant de projets qui ne verront pas le jour.

Une structure où les parents de bébés ou de très jeunes enfants « dits différents » pourraient laisser durant quelques heures leurs progénitures pour souffler, ne serait ce que pour s’évader au restaurant, au cinéma ou se retrouver pour des moments privilégiés sans que ceux-ci puissent culpabiliser, sans qu’ils puissent se sentir coupables d’abandonner leur trésor. Je ne sais pas mais une forme de halte garderie spécialisée mais ce n’est qu’un rêve que je n’arriverai jamais à mettre sur pied ou alors il faudrait une volonté politique, l’aide de la commune, de l’intercommunalité, de la région, bref de l’état. Et à l’heure de la désertification médicale où trouverons-nous les bénévoles et autres corps de médecine pour nous aider ?

Je sais que des idées comme celle-ci germent dans les têtes de responsables d’entreprise tout comme à Derval où un centre équestre voulait mettre en place ce genre d’idée. Mais je n’en ai plus de nouvelle…

Mon deuxième souhait serait de mettre ma ville qui est l’amie des enfants, mais surtout et aussi mes amis artistes écrivains et plasticiens au cœur d’une cause. Faire de Châteaubriant la ville d’art au service du handicap ne serait-ce qu’une journée par an.

Je pense que peu à peu nous y arriverons avec l’aide de tout le monde.

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